Contexte :
Colère à Adriers après l'arrachage de haies
02/07/2015 05:46
La colère ne retombe pas à Adriers après les travaux de réaménagement d'un vaste ensemble de parcelles agricoles à La Combe : 640 hectares d'anciens pâturages convertis ces derniers mois pour la culture du blé et du maïs, au détriment de haies, d'alignements de chênes anciens et de bosquets qui cloisonnaient cette ancienne zone d'élevage au nord-ouest du village. Le paysage arboré prisé des promeneurs a radicalement changé.
Mercredi, le maire Philippe Rose, ses adjoints et quatre associations se sont réunis pour dénoncer « un massacre à la tronçonneuse défigurant le territoire bocager traditionnel », en contradiction complète avec les politiques environnementales et agricoles qui « soulignent l'urgence de la protection et de la restauration des haies. » Selon la LPO, 7 à 8 km de haies auraient disparu à La Combe.
" Nous sommes mis devant le fait accompli "
Ces travaux ne sont pas pour autant illégaux, reconnaît Philippe Rose : « Des habitants nous ont demandé d'agir contre cette catastrophe, mais on ne sait pas comment. Les agriculteurs sont chez eux. La DDT est venue sur place, on ne sait pas quelle suite a été donnée. Nous sommes mis devant le fait accompli. » Quelques abattages ont été stoppés par des adjoints, en bordure de chemins, « où les arbres appartiennent a priori à la commune », explique l'un d'eux.
« Nous avons le sentiment d'être désarmés », poursuit Jean-Louis Jollivet, président de Vienne Nature. Il appelle les communes à classer les haies dans leurs documents d'urbanisme… lorsqu'ils existent [pas le cas d'Adriers]. « Les haies n'ont pas de statut juridique », regrette Jean-Louis Rondeau, de Prom'haies. « Nous avons besoin d'une évolution du droit », poursuit Daniel Gilardeau (président LPO86). « La disparition du bocage au profit des grandes cultures céréalières concerne toute la région », précise Gustave Talbot, président de Poitou-Charentes Nature.
Les associations portent l'affaire d'Adriers en justice avec l'espoir de faire jurisprudence. Poitou-Charentes Nature et Prom'haies ont déposé plainte pour contester l'utilisation du label PEFC (bois d'exploitation durable) pour la vente des chênes abattus. La LPO prépare de son côté une plainte pour, notamment, destruction d'habitat d'espèces protégées. Elle invite Adriers à s'y associer.
Sébastien Kerouanton, Source :
http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2015/07/02/Colere-a-Adriers-apres-l-arrachage-de-haies-2389338
Les élus d’Adriers et plusieurs associations dénoncent l’arrachage de haies sur des parcelles reconverties pour la culture céréalière.
Adriers (86) - Des pratiques agricoles irresponsables.
Dans le contexte de la réception, début décembre, en France, de Conférence Mondiale sur le Climat, d’émergence d’une logique agro-écologique pour encourager le développement d’un modèle agricole qui respecte les équilibres, les ressources et l’eau en particulier, la biodiversité sauvage et domestique, le climat et la santé des consommateurs, tout en satisfaisant sa mission alimentaire dans une triple performance à la fois économique, écologique et sociale, comment peut-on retourner plus de 640 ha de prairies et effacer les haies du maillage bocager de la zone d’élevage montmorillonnaise pour produire blé et maïs?
Comment peut-on accepter l’argent public de la PAC sur autant de surface et continuer de développer un modèle agricole à ce point décalé avec les attentes de la société ?
Comment peut-on à ce point développer des pratiques qui impactent des ressources relevant des biens communs comme l’eau, la biodiversité, l’air, le climat, et la santé, dont les réparations, dans des logiques curatives aux coûts financiers et éthiques indécents, seront également supportées par les deniers publics ?
Avons-nous les moyens de continuer de porter ces logiques curatives, dont le cout est prohibitif, alors que les logiques préventives, comme la préservation des prairies et des haies participant à des cercles vertueux, sont infiniment moins onéreuses ?
Le retournement de plusieurs centaines d’hectares de prairies et de plusieurs kilomètres de haies à Adriers (86), font la démonstration qu’une frange de la population agricole, mobilisant pourtant énormément d’argent public pour soutenir leur activité, n’a toujours pas compris la responsabilité qu’est la leur dans la préservation de l’intérêt supérieur des générations futures par soucis de profits immédiats dont la dette sera inéluctablement supportée par nos enfants et petits enfants.
Nous souhaitons donc que les procédures de condamnation et de remises en état de ces espaces patrimoniaux et de leurs fonctionnalités territoriales soient engagées à l’égard de ces pratiques irresponsables.
Et revenons aux fondamentaux ! Des herbivores qui mangent de l’herbe, sur des prairies bocagères et ombragées, plutôt que nourris avec du maïs obtenu à grands renforts d’azote de synthèse, de pesticides et d’irrigation, complété par du soja, majoritairement OGM, dévastant l’un et l’autre, des espaces patrimoniaux remarquables indispensables aux équilibres à l’échelon local comme planétaire.
Serge MORIN
Conseiller Régional Poitou-Charentes
Président de la Commission Ruralité, Agriculture,
Pêche, Cultures marines, Eau, Littoral
& Biodiversité
Europe Ecologie Les Verts.
Benoît BITEAU
Vice-Président de la Région
Poitou-Charentes
En charge de la Ruralité, l’Agriculture,
la Pêche & les Cultures marines.
Parti Radical de Gauche.
stéphanie MUZARD